Le long de l'autoroute qui s'étire de Johannesburg à Soweto, la
Coupe du monde est sur chaque lampadaire: drapeaux des pays participants, fanions du tournoi et gigantesques panneaux publicitaires pour des produits qui se sont tous trouvés un lien avec le ballon ovale. Puis, à l'entrée du gigantesque township, plus rien. Pourtant Soweto, n'échappe pas à la rugbymania qui depuis 'un mois secoue le pays blanc.
Dans la file d'attente du minibus qui amènera les passagers sur leur lieu de travail à Johannesburg, la frénésie du tournoi, l'excitation de la finale à venir réchauffent quelques conversations, malgré le froid de cette aube d'hiver austral. «J'ai regardé toutes les rencontres qui étaient en dehors de mes heures de boulot. Le plus fort pour moi, c'était le match Angleterre/ Nouvelle-Zélande. Comment s'appelle déjà l'énorme joueur zélandais?», demande Mandla. Comme Loyasi et Ndanny, deux fonctionnaires, l'agent comptable ne connaît pas véritablement les règles, mais tous parviennent tant bien que mal à suivre les actions. D'autres n'ont pas encore tous les repères: «Les All Blacks, c'est bien la Nouvelle-Zélande? Et c'est contre eux qu'on joue samedi?», demande Francis, l'électricien. Avec force dérapages et la radio à tue-tête, Michack, le chauffeur du minibus, délivre enfin la troupe de son attente. Il a suivi tous les matchs à la radio. Samedi, il se rendra à l'Ellis Park dans l'espoir de trouver une place pas chère: «Même si je ne suis pas sûr qu'il y aura beaucoup de