Au visiteur à peine débarqué, Johannesburg assène d'emblée un
première vérité: «L'Afrique du Sud, ce n'est pas tout à fait l'Afrique» ou, comme l'on préfère dire aujourd'hui, «c'est une autre Afrique». Le visiteur s'en doutait à voir des airs le puzzle de piscines privées (Johannesburg en possède la plus grande concentration au monde) qui encercle un centre-ville tracé au cordeau. Fasciné par le bouquet de gratte-ciel qui s'annonce dès sa sortie de l'aéroport, il en oublie de noter les terrils jaunes qui bordent son trajet jusqu'à la mégapole. Simple illusion d'optique. Ou plutôt vision du passé: Johannesburg, la cité de l'or, n'est plus seulement la ville américaine qu'elle prétendait être.
De plus près, les gigantesques immeubles perdent déjà de leur brillance. Mastocs et empoussiérés, ils révèlent que la ville n'a plus connu de réelle expansion depuis les années 60. En son coeur gît la partie la plus ancienne et sa raison d'être. Les compagnies minières se font face, abritées derrière des facades rococo. Avec encore quelques anciennes enseignes de studios de cinéma, et des escaliers métalliques descendant le long de la paroi, Johannesburg prend cette fois des allures du New York des années 40. Quant au présent, il se découvre à fleur de macadam. Depuis quelques années, Johannesburg n'est plus une ville blanche. A l'heure du déjeuner, quelques têtes claires émergent encore dans la cohue. Mais après la fermeture des bureaux, la migration se fait pour les uns vers Soweto,