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Libération
Reportage

A Gueugnon, le ballon ne gonfle pas les têtesPour sa première saison en division 1, le club bourguignon entend conserver ses valeurs.

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publié le 17 juillet 1995 à 6h59

Gueugnon, envoyé spécial

Dans ce pays vallonné, pas un seul train ne vient troubler la quiétude des charolaises qui paissent sur une terre grasse et se reposent à la fraîcheur des sous-bois. A défaut, elles regardent passer les autobus des footballeurs. Gueugnon, à la croisée de deux routes départementales, avec ses 9.800 habitants, son usine et son club de foot, sera, quoiqu'il advienne sportivement, une des curiosités du championnat de France de D1 qui démarre mardi.

Après vingt-cinq années en deuxième division, les Gueugnonnais ont réalisé la saison dernière un exploit que personne ne leur imposait: rejoindre l'élite en coiffant Toulouse sur le poteau. José Duch, 45 ans dont vingt de carrière en D2, était littéralement scié: «J'en ai eu l'estomac noué. J'ai eu l'impression qu'à travers eux nous obtenions ce à quoi nous n'avions pas eu droit.» Il se tient assis, timide comme un élève convoqué chez le proviseur, dans les locaux du siège du club. Une maison sombre, où le superflu n'a pas sa place, où les fenêtres du bureau du président Gilbert Pithioud donnent sur l'imposante masse de brique de l'usine Ugine (leader mondial de l'Inox) jadis les Forges de Gueugnon.

José est heureux et amer à la fois. Il fait partie de la génération sacrifiée, celle de 1979 où l'équipe, bien que championne de France de D2 n'accède pas à l'échelon supérieur. A l'époque, les dirigeants du clubs, qui sont aussi les cadres de l'entreprise, refusent le statut pro à leurs joueurs, sans doute par craint