Saint-Girons,
envoyé spécial Sous les tonnelles de glycine, au milieu des massifs de glaïeuls et de géraniums, Marco Pantani goûte aux joies d'une journée de repos. Tout à l'heure il va quitter la fraîcheur de l'Hostellerie de la Poste, pour aller caresser le poulain de trois mois qu'il vient de gagner après sa chevauchée dans la première étape pyrénéenne. Un mérens, ces chevaux de montagne durs au mal, comme lui, et qui adorent escalader les estives. Ce matin, Marco ne s'est pas rasé, comme pour mieux marquer la trêve. Comme les autres, il a roulé deux heures et demie ou trois heures avant de passer un short, une paire de claquettes, un T-shirt «Grown in California», et de se laisser glisser sous un parasol.
Avec les journalistes italiens, l'ambiance a quelque chose de familial. Le clocheton de l'église sonne trois coups. Les suiveurs ont fini leur ragoût de canard ou leur pigeonneau farci. A l'heure du café, Marco Pantani, héros de l'Alpe-d'Huez et de Guzet-Neige, parle de l'étape d'aujourd'hui, avec six cols au programme, le Portet d'Aspet, Mente, les cols de Peyresourde, d'Aspin, du Tourmalet et la montée vers Cauterets: «J'ai deux solutions et je ne déciderai qu'au départ de l'étape. Soit je vais pour gagner l'étape et j'attends le Tourmalet. Soit je me dis que je n'ai plus rien à perdre et je décide de jouer le chaos dès le début. J'ai peut-être envie de faire une grande chose, ce qui signifie l'impensable. Et à ce moment-là, ça veut dire que je peux penser au podium à