Pau,
envoyé spécial Le peloton vient de quitter Jurançon et se glisse dans Pau. Les maillots bleu et rouge des équipiers de Fabio Casartelli se faufilent en tête sans mot dire. Steve Bauer, le vieux baroudeur des Motorola, se retourne, se dresse sur les pédales. Il cherche du regard son équipier Stephen Swart qui vient de crever et est encore au milieu des voitures. Ils doivent tous être là, il ne peut en manquer un pour ce dernier hommage à Fabio. Swart est de retour. Ils s'échappent maintenant du peloton, prennent vingt, trente mètres, famille en deuil qu'accompagnent les proches. Les milliers de spectateurs massés sur la rue du maquis du Béarn, n'en ont rien à faire s'ils n'assistent pas à un de ces sprints pour gros bras dont raffole tant la cité paloise. Ils ne verront pas non plus arriver ces hommes seuls partis d'on ne sait où dans la montagne à la conquête de la gloire. Six coureurs en bleu et rouge alignés sur toute la largeur de la rue pour dire à Fabio, qui s'est échappé mardi dans la descente du Portet d'Aspet, qu'ils ne l'oublieront jamais.
Le peloton passe la ligne quelques secondes plus tard. La foule applaudit, l'émotion est à son comble. Laurent Jalabert dit: «Il fallait faire une randonnée à sa mémoire. Tout le monde était très ému. Ce fut une longue journée, difficile, mais ça a été un beau geste de la part du peloton.» Stephen Hodge, coureur australien des Festina, ajoute: «On a dit adieu à Fabio a notre façon.» Retour sur une page d'histoire du Tour de Fr