Miguel Indurain tourne et retourne le trophée que vient de lui
remettre Jean Tiberi. D'un geste lent, il ôte maintenant sa casquette pour entendre l'hymne espagnol, joué en son honneur sur les Champs-Elysées pour la cinquième année consécutive. Il a ce doux sourire qu'on lui connaît depuis si longtemps, ce regard à la fois perçant et distant, ce décalage qui en fait un être étrange d'où émane une étonnante puissance. Il vient d'entrer dans la légende du Tour de France en étant le premier coureur à remporter l'épreuve cinq fois d'affilée. A 31 ans, le Navarrais rejoint les Français Jacques Anquetil et Bernard Hinault ainsi que le Belge Eddy Merckx. En cinq ans, Miguel Indurain a vu 5 coureurs différents monter à ses côtés sur la 2e marche du podium. Cette fois, c'est le Suisse Alex Zülle, auteur d'un exploit dans la première étape de montagne, à la Plagne, qui est ses côtés. Sur la 3e marche, le Danois Bjarne Riis meilleur rouleur du peloton après Miguel.
Sur les Champs, le peloton a voulu offrir au champion navarrais un final digne de sa 5e victoire. En débouchant de Boulogne-Billancourt sur le coup de 16 heures, six coureurs, Marco Serpellini, Alvaro Mejia, Flavio Vanzella, Laurent Brochard, Sergei Outschakov et Asturas Kasputis croient qu'ils ont un bon coup à jouer puisque, derrière, les écuries à sprinters tardent à se mettre en route. Brochard disparaît sur crevaison, ils sont cinq à compter maintenant plus de 30 secondes d'avance. Les Once de Laurent Jalabert et les Nove