Brest, envoyé spécial
Jeudi dernier, sur les quais du port du Moulin-Blanc, à Brest. Dehors, la tempête n'en finit pas de s'essouffler sur une mer blanche d'écume. A l'abri, ils sont une quarantaine de marins pas encore solitaires, au regard déjà ailleurs et qui noient leurs angoisses dans un verre de punch ou une dernière bière en attendant ce coup de canon qui a depuis longtemps envahi leurs nuits blanches. Boucles brunes sur un visage tanné par déjà quinze années passées à bourlinguer sur les mers, Lionel Lemonchois n'est pas encore ailleurs. Et pour cause: il risque de ne pas partir pour cette Mini-Transat. Il boit encore un coup pour oublier puisque dans deux jours, il risque de rester orphelin sur les quais brestois. Il n'aura pas le coeur à les regarder s'éloigner et ira cacher ses pleurs sur la Côte sauvage. Il a bien quelques copines qui remuent sable et mer pour trouver 50.000 francs mais il n'y croit plus: «Il me manque de quoi payer l'inscription, le retour du bateau en cargo, des batteries et quelques bricoles. Quand je pense que j'ai passé tout l'hiver à refaçonner ce bateau, à en faire un bateau qui me ressemble, que j'aime. Je sais que je ne suis pas doué pour le relationnel mais c'est trop dur. Quand je pense que c'est un bateau qui pouvait gagner la Mini.»
La nuit est tombée sur la rade de Brest. Encore un verre et la discussion s'engage avec un homme en costume. Il représente la municipalité de Brest pour ce pot de départ. Jean Champeau est adjoint au maire