Gap-Tallard, envoyé spécial
Il promène sa moustache et regarde, l'air distrait, ce qui se trame autour de lui. Sa tête, comme un radar, fait des panoramiques sur son royaume. Patrick Bergouignan connaît chaque recoin de ce hangar. Sur un tapis de voilures, il avance, silencieux, dans le bruissement des toiles que l'on plie. On entre dans une pièce à l'écart, l'antre de l'équipe de France de vol relatif à 8 (VR8). Un modeste vestiaire de tôle et de bois où trônent un téléviseur et un tableau de statistiques. Depuis samedi, dernier jour du Mondial de vol relatif, le capitaine de l'équipe de France sait qu'il ne sera pas champion du monde (1).
Après huit longues années à faire le zébulon entre ciel et terre sur la base de Gap, Patrick Bergouignan, doit se résigner. Il a composé jusque-là avec deux militaires, quatre fonctionnaires à horaires aménagés et deux chômeurs longue durée qui ont vécu avec lui dans l'impatience d'un titre mondial. «Tout le monde est persuadé que ça roule pour nous, mais un gars, ça représente 100.000 francs par an pour être champion du monde, et on ne les a pas.» Les «Golden Knights», Américains de Fort Bragg, leur ont soufflé ce titre, leur assénant au passage un record du monde à 25 points lors de la cinquième manche. Son premier devoir était d'entretenir une illusion jusque-là, pour ne pas lâcher prise si près du but. «Et pourtant, je sais qu'un titre mondial ne leur aurait rien apporté, professionnellement parlant. Si je leur avais dit ça avant, ce n