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Libération

Il a ramé, ramé, Joseph Le Guen103 jours seul en mer: le Breton a bouclé sa traversée de l'Atlantique.

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publié le 26 septembre 1995 à 7h58

Brest, envoyé spécial

Encore quelques mè-tres avant de toucher terre. Joseph Le Guen, debout dans son canot, applaudit la foule venue l'accueillir. Un millier, peut-être plus. Peu importe en fait. Depuis le matin son arrivée ressemble à une longue procession à laquelle il n'a pas envie de mettre fin. La rencontre en mer à huit ou dix milles des côtes, le remorquage devant la pointe Saint-Mathieu, entouré de tous ces bateaux de sauvetage orange et vert venus des îles d'Ouessant, de Molène ou de l'Aber Wrach, la journée est empreinte d'une douceur infinie. Comme s'il fallait protéger «Jojo» pour son retour à terre.

Dimanche, à 19h07, après 103 jours de mer en solitaire et près de 500.000 coups de rame, le navigateur breton a franchi la ligne symbolique Ouessant-Cap Lizard. Depuis 1980, il est le deuxième à réussir la traversée de l'Atlantique à la rame. Il n'a pas battu le record de Gérard d'Aboville (72 jours), mais ce n'était pas son but. Parti de Cap Cod (Massachusetts, Etats-Unis), le 15 juin, «Jo» a réalisé cette traversée avant tout pour «aider les sauveteurs en mer et faire connaître leur travail». Dans sa yole de 8 mètres de long construite en contreplaqué verre-epoxy et pesant 600 kg, il a acheminé le premier courrier jamais transporté à la rame entre les Etats-Unis et la France, soit 2.700 cartes postales, enveloppes, lettres de sociétés et lettres des maires de Brest et de Chatham. Elles seront vendues aux enchères au profit de la Société nationale de sauvetage en mer