Miguel Indurain avait tout prévu. Ou presque. Quand il attaque dans
un faux plat des faubourgs de Duitama à l'amorce du dernier tour, il pense bien pouvoir alors s'envoler vers un deuxième titre mondial après celui du contre-la-montre en milieu de semaine dernière. Un mois qu'il prépare ce Mondial de cyclisme à coups de stages en altitude au Colorado. Tout a été concocté au petit poil par le docteur Sabino Padilla mais personne n'avait imaginé qu'Abraham Olano allait avoir le culot de contrer le Navarrais. Le coureur basque est un travailleur, un habitué des Jeux de la force basque avec des frères qui sont bûcherons ou mordus d'aviron. C'est lui qui bascule en tête au sommet de la dernière côte mais il n'a plus que quinze secondes d'avance. Mauro Gianetti aperçoit Olano et prend tous les risques dans la decente détrempée. Miguelon est dans sa roue. Il fait l'effort pour revenir sur Pantani qui est passé comme une fusée mais, devant, Abraham Olano ne desserre pas les dents. Deuxième de la Vuelta derrière Jalabert, il va être le premier Espagnol à remporter un titre mondial sur route.
A 25 ans, le coureur d'Anoeta, au coeur du pays Basque espagnol, peut lever les bras au ciel. Il entre dans la légende en franchissant la ligne avec la roue arrière crevée. Du jamais vu. Indurain et Pantani l'accompagnent sur un podium d'anthologie. Retour sur sept heures d'une course folle.
Ernesto Samoer accède à la ligne de départ par d'étroites ruelles. La voiture blindée du président de la Ré