Wembley, envoyé spécial
Samedi à Londres, le coup d'envoi de la Coupe du monde de rugby à XIII, celle du centenaire de ce sport, était attendu comme une délivrance. Enfin, on ne parlerait plus de la guerre qui déchire le monde du XIII depuis que Rupert Murdoch, le magnat de la presse anglo-saxonne, a lancé son OPA sur le jeu (Libération des 7-8 octobre).
A Wembley, plus de 40.000 personnes étaient venues enterrer la querelle autour du match-phare de la phase éliminatoire entre l'Angleterre et l'Australie. Enfin les deux pays, l'Angleterre, désormais dans le camp de Murdoch, et l'Australie, qui tente de lui résister, passeraient du temps de l'invective aux quatre-vingts minutes de vérité. Wembley a vibré, Wembley a explosé quand l'Angleterre a gagné 20 à 16. Mais la guerre n'est pas finie.
Dans les discussions d'après-match, un doute revenait qui prenait des airs de fêlure. Les Australiens auraient peut-être gagné s'ils ne s'étaient pas privés de Daley, Clyde, Stuart, Mullins, quatre de leurs meilleurs joueurs, passés dans le clan de Murdoch et de sa Super League et donc écartés de l'équipe. Car, depuis 1982, l'Australie domine l'Angleterre. Cette année-là, les «Kangourous» en tournée avaient tout gagné. L'Angleterre en fut assommée. Bien sûr, le pays inventeur du jeu a réagi en mettant sur pied un championnat professionnel de belle allure, puisque les clubs australiens eux-mêmes viennent y puiser des joueurs. Mais la Rugby Football League (RFL) anglaise ne s'est jamais remise