Jeannie Longo n'avait même pas dû oser rêver ce scénario qui lui va
si bien. Dix ans, plus même, qu'elle est en guerre contre la Fédération française de cyclisme, contre les autres filles de l'équipe de France. Dix ans de parano, souvent justifiée d'ailleurs, mais elle n'a jamais dû imaginer une seconde que, sur les pentes de Duitama, en Colombie, elle allait à ce point clouer le bec à tous ses détracteurs en remportant deux titres de championne du monde. Déjà, en milieu de semaine dernière, elle leur avait adressé un premier avertissement en remportant la médaille d'or du contre-la-montre individuel. Derrière ce bouquet de fleurs qu'elle brandissait à tout-va, elle semblait avoir rajeuni de dix ans.
Comme Indurain, Jeannie est venue en Colombie pour faire coup double, sinon triple. Titre contre-la-montre, sur route, et, pourquoi pas, record de l'heure dans la foulée. Après deux ans de compétition en VTT, elle a tout arrêté pour se lancer dans ce défi un peu fou. Retrouver son coup de pédale, redevenir une routière d'exception, Jeannie a eu la volonté d'aller au bout.
Samedi matin, quand elle se présente au départ des 88 kilomètres de ce championnat du monde, Longo fait encore figure de favorite aux côtés de Fabiana Luperini, la «Pantanina», comme on l'appelle en Italie. 1,56 m pour 41 kilos, la petite puce italienne est d'ailleurs la seule qui ait pu mater «la Longo» dans le dernier Tour de France.
Elle est bien ce samedi matin sous le soleil de Duitama, mais, au deuxième tour