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Enquête

Brest, les Albatros dopés au pouletLeur partenariat avec le Père Dodu a permis aux hockeyeurs une ascension fulgurante.

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publié le 14 octobre 1995 à 9h15

Brest, envoyé spécial

«Quand j'ai vu la patinoire, j'ai pensé immédiatement faire demi-tour, prendre un billet de train et ne plus jamais revenir.» A 40 ans, André Peloffy en avait soupé du hockey français. Fatigué des promesses sans lendemain de présidents ambitieux qui mènent les hockeyeurs droit au casse-pipe, aux salaires impayés et aux dépôts de bilan. Alors, se voir baratiner par un ancien prof de philo reconverti dans l'agroalimentaire, exposant son ambition de bâtir à Brest une équipe de hockey sponsorisée par le Père Dodu, c'en était trop. Cet ancien professionnel d'origine canadienne du championnat nord-américain, ex-membre de l'équipe de France, se voyait bien arrêter les frais. Pourtant, quatre ans plus tard, André Peloffy est toujours là. Il s'essaie à une justification poétique digne de Cantona: «C'est à Brest que j'ai vu la seule plage où les mouettes font demi-tour quand elles s'aperçoivent qu'il n'y a plus rien à l'horizon.» Le poil encore mouillé, Peloffy sort du vestiaire de la patinoire de Bellevue. Elle a conservé sa petite dimension (56 x 26 mètres) et la glace sa piètre qualité. L'endroit est sombre et les gradins en bois humides, mais l'équipe des Albatros de Brest, dont André Peloffy est l'entraîneur, est passée en quatre ans de la troisième division à la première place du championnat élite. Et elle possède une des formations les plus enviables d'Europe. Le destin d'André Peloffy a tourné et avec le sien celui de nombreux hockeyeurs internationaux au