Cardiff, envoyé spécial
Le fait est que Gaël Tallec s'ennuyait. Il avait 16 ans et l'impression d'avoir tout connu. A l'âge des grandes lassitudes et des grandes ambitions, le monde du rugby à XIII lui paraissait trop petit. C'était son monde bien sûr, il en avait agrippé la mamelle à 7 ans à l'école de rugby de Tonneins, îlot treiziste dans le Lot-et-Garonne quinziste, et n'avait jamais eu à s'en plaindre. Tout lui avait été donné. International cadet, international junior, élève de la section sport-études de Carcassonne, très jeune titulaire en national à Lézignan, rien ne lui avait manqué. Mais à force de fréquenter les limites de ce monde, l'envie d'aller voir de l'autre côté le démangeait. Il songeait à passer chez les XV. Pourtant, chaque fois qu'il voyait leur match, il trouvait que décidément ça n'allait pas très vite, et question maniement du ballon, on n'était pas gavé. Mais enfin, ce monde-là lui paraissait plus vaste. Béziers l'avait contacté, Agen était venu le voir et il s'apprêtait à franchir le pas avec l'équipe de Philippe Sella, ancien treiziste lui aussi, près de Tonneins aussi.
C'est à ce moment-là, au printemps 1994, que Wigan lui a proposé un contrat de joueur professionnel, dans le nord de l'Angleterre, à une poignée de nuages de Manchester.
«C'était ce dont j'avais toujours rêvé, des journées entières pour le rugby, dans le meilleur club professionnel de XIII anglais. Il n'y a pas eu un seul temps mort. Dès mon arrivée, on m'a fait visiter les installat