Menu
Libération

Ce rugby me plaît

Article réservé aux abonnés
publié le 23 octobre 1995 à 9h03

Il y a bien longtemps que je n'avais pas vu l'équipe de France jouer avec autant de maîtrise. Combien de matchs face à des oppositions de même niveau, voire inférieures, avaient engendré déception et frustration. Le jeu pratiqué par les Français tend à prouver que la mise en place de principes simples peut générer un rugby total, intelligent et créatif. En fait, c'est bien d'abord de la gestion du mouvement d'ensemble et de sa compréhension qu'il s'agit de se préoccuper. Je ne doute pas un instant que cela fut le credo de Jean-Claude Skrela durant une semaine, du moins l'une de ses priorités.

En choisissant de jouer à la main et de défier de suite les Argentins dans l'entre-jeu, pas trop loin des conquêtes mais pas trop près, les Français ont joué au niveau de la ligne d'avantage, ou au-delà, répondant ainsi au principe d'efficacité. Du coup, grâce à une libération rapide de la balle, ils se sont donnés les moyens de l'action collective, au près ou au large, dans le même sens que le mouvement précédent ou à contre-pied, par un renversement rapide. En mobilisant la défense argentine dans cet espace central, l'obligeant à se concentrer et à intervenir face aux incessantes pénétrations, le jeu dans les espaces latéraux devenait alors possible. La qualité gestuelle des attaquants tricolores, capables de jouer lancés et à plat, tout en assurant des transmissions sur le fil du rasoir, fit alors la différence.

Ce jeu prioritaire, alternant intelligemment avec le jeu au pied, mit en p