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Libération
Reportage

Toulon, club cosmopolite d'une ville FNLe round d'observation dure entre les rugbymen et la municipalité.

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publié le 1er novembre 1995 à 10h45

Toulon, envoyé spécial

La nuit tombe sur le petit stade de La Valette, où les rugbymen de Toulon s'entraînent. Nichés par petites grappes dans le haut des gradins, quelques fidèles sont venus pour voir leur équipe. «C'est la seule chose qu'on ait, dit l'un d'eux. Le rugby est la seule fierté qu'il nous reste parce qu'il y a le Front national à la mairie et qu'on a un peu honte.»

A la différence des handballeurs de Vitrolles (1), lors des élections municipales, les rugbymen de Toulon avaient la tête ­ et pour certains les pieds ­ ailleurs. En Afrique du Sud précisément, où se déroulait la Coupe du monde. «C'était la fin de la saison, raconte Manu Diaz l'entraîneur, tout le monde s'inquiétait à cause de ce qui avait été annoncé concernant le sport. On était surtout inquiet pour le basket (en nationale B), parce que ce sont des pros.» Jean-Marie Le Pen proclamait qu'il n'entendait plus subventionner le sport professionnel avec l'argent des collectivités, ce que faisait largement le précédent maire de Toulon, François Trucy. André Herrero, dirigeant du club et futur manager de l'équipe de France de rugby, avait même pris position en faveur de ce dernier pour faire barrage au FN.

Après les élections, connaissant la culture du «combat et de la fraternité» (pour piocher dans le vocabulaire de Daniel Herrero) qui anime les joueurs, on aurait pu pourtant s'attendre à une réaction, au moins morale. Mais il n'en fut rien. Manu Diaz se souvient pourtant que «quelques joueurs ont participé