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Libération
Interview

Jacques Julien, artiste tous terrains de sport Unique source d'inspiration du plasticien, le sport.

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publié le 28 novembre 1995 à 9h52

C'est un mur blanc sur lequel est écrit dans la stricte sobriété

usuelle des centres d'art contemporain: «Ski (saut)». Derrière la cimaise, on découvre une installation de bois représentant effectivement un tremplin de saut à ski. On est bien face à une oeuvre d'art, une longue et large virgule blanche couchée sur des croisillons de bois. Cette reproduction inspirée par le tremplin de Chaux Neuve, terrain d'entraînement de Fabrice Guy, médaille d'or en combiné aux Jeux d'Albertville, se voit ici incongrûment déplacé de son milieu et de sa raison d'être. Un tremplin pour répondre à l'architecture du lieu dans lequel il est exposé, une salle aux parois courbes et blanches. Jacques Julien, 29 ans, est le responsable de cette étrange déportation d'un terrain de sport sur le terrain culturel. «Le Grand-Stade, puisque personne ne semble en vouloir à la fin de la Coupe du monde, moi, je veux bien le récupérer, j'ai plein de choses à y faire», se moque cet artiste qui depuis cinq ans s'ingénue à confronter le milieu de l'art à ce qu'il ne regarde que d'un oeil distrait. En cinq ans, des terrains de foot gravés au marteau-pilon, à la table de Ping-Pong construite en découpant une cimaise du Musée d'Art Moderne, Jacques Julien insiste dans cette démarche singulière qu'il ne n'explique pas vraiment sinon par le fait que sa position d'artiste contemporain l'a poussé à ne point ignorer cette part de l'activité humaine à laquelle personne n'échappe, au moins par petit écran interposé. «Pl