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Libération
Reportage

La très sage vie de foot du HavreLe doyen des club français se vante de n'avoir jamais défrayé la chronique.

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publié le 1er décembre 1995 à 11h37

Le Havre, envoyé spécial

«Monsieur Huysman, veuillez passer dans mon bureau.» Le convoqué ne moufte pas et passe la porte qui ouvre sur une large pièce. Jean-Pierre Hureau, président depuis presque vingt ans du Havre Athlétic Club, est un élégant retraité de 63 ans, la raie impeccable, le pli du costume irréprochable, qui aime visiblement procéder à ce cérémonial qui consiste à parler en tête à tête à ses joueurs, en bon père. Tous les sujets sont abordés ici, dans cette pièce cossue de la Cavée Verte, quartier général historique du plus vieux club de foot de France. S'il admet ne pas vouloir interférer sur les choix technico-sportifs de son entraîneur d'origine marseillaise Guy David, monsieur le président avoue ne pas pouvoir réprimer son penchant à exprimer ses propres remarques sur le comportement de tel ou tel membre de son club. Il en va de même avec le coach, quand celui-ci est désigné coupable à mot couvert d'avoir privé l'équipe ciel et marine d'une victoire à domicile contre Montpellier (1-1) lors de la dernière journée, pour avoir ordonné de jouer sur la défensive à 10 contre 11.

Treizième du championnat, Le Havre s'arqueboute sur ses convictions héritées du passé en prônant la patience. «Un club qui n'a jamais défrayé la chronique, ni juridique, ni sportive», pour reprendre le mot du directeur administratif Alain Belsoeur, qui, comme l'ensemble de l'équipe dirigeante, se félicite de la probité érigée en règle d'or de ce club, toujours géré sous le sceau de la loi a