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Libération

Benazzi, c'est un peu court jeune hommeA Durban, il manque un essai. La France finit troisième de la Coupe du monde.

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publié le 27 décembre 1995 à 10h55

La photo est prise sur un écran de télévision. On voit un

amoncellement de corps et vaguement une ligne blanche noyée sous une flaque d'eau. Il y a des bras, des têtes, des épaules, et un homme dessous, le seul dont on devine le numéro. C'est le 6, il tient quelque chose. L'arrière-plan est flou, le cliché ne cadre ni jambes ni visages. A la position des bras, des têtes, des épaules, tous les personnages semblent échoués à bout de force, sauf celui du dessous. Il est sur le flanc, tous sur lui, l'échancrure de son maillot laisse apparaître l'attache du cou aux épaules avec le dessin des muscles bandés. Il paraît vouloir se détendre.

Pourtant, c'est lui qui échouera. Les corps inertes résisteront. Abdelatif Benazzi ne marquera pas l'essai de la victoire en demi-finale de la Coupe du monde de rugby contre l'Afrique du Sud. La France sera troisième, l'Afrique du Sud remportera le titre une semaine plus tard face aux Néo-Zélandais. Le monde du sport chantera la naissance d'une nation, le 24 juin 1995, quand Nelson Mandela, président noir de l'Afrique du Sud, remettra le trophée à son équipe blanche.

Samedi 17 juin, Durban, Afrique du Sud. Il s'en est fallu de peu que le progrès ne soit remis à plus tard. On a parlé de quinze centimètres, pas plus. Quand Abdelatif Benazzi s'est écroulé, c'est la distance qui séparait le ballon de la ligne d'essai. 19-15. Christophe Deylaud avait tapé à suivre, Philippe Saint-André avait rabattu la balle sur Abdelatif Benazzi lancé à fond dans le t