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Libération
Reportage

Le foot gaélique fait des pieds et des mains pour l'identité irlandaise A Belfast, pratiquer ce sport est un acte de résistance à l'Anglais.

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publié le 3 janvier 1996 à 0h23

Belfast, envoyé spécial

Sous la nappe grise qui sert de ciel au quartier d'Ardoyne, au nord de Belfast, des gosses trottent dans le froid autour des maisons au murs de briques. Ils ont laissé leurs dessins de Noël bien en évidence derrière les vitres de la crèche. Des sapins dessinés au feutre usé et quelques guirlandes mettent de la couleur dans Flax Street où se trouve aussi le siège du club Ard Eoin Gaelic Athletic Association. C'est une rue en ruban, un long boyau triste, qui se termine par une épingle à cheveux où domine une fresque au dos d'une maison sans fenêtre. On peut y lire, au-dessus de joueurs peints en pleine action: «Les jeux gaéliques sont une partie de notre héritage.»

Créé en 1907, ce club de football gaélique s'est érigé en rempart social et militant contre l'omniprésence britannique sur ces foyers à jamais marqués par les 600 victimes catholiques des «troubles» politiques qui déchirent la ville depuis 1980. Encore aujourd'hui la ronde de cet hélicoptère qui fait la mouche au-dessus de ces habitations délimite ce noyau nationaliste et républicain comme en témoignent les petits drapeaux fanés, accrochés ça et là au façade des maisons. Même si l'armée britannique ne patrouille plus depuis janvier 1995, même si les soldats anglais sont partis, «la police fait le travail que les militaires anglais ne font plus», explique John Murphy, jeune et jovial président du club presque centenaire. Il admet que «l'on peut se déplacer plus librement, mais les contrôles comm