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Libération
Reportage

L'Afrique du Sud retouche aux buts.L'organisateur de la Coupe d'Afrique des Nations mise enfin sur le foot.

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publié le 15 janvier 1996 à 23h56

«Fiiisch!» Sur les gradins du stade FNB de Johannesburg, 80.000

poitrines lancent dans de longues incantations gutturales le nom du héros du jour à chaque fois qu'il touche le ballon. Mark Fisch («poisson»), grand escogriffe métis né au Cap, pilier de la défense sud-africaine, vient d'expédier un tir puissant au-dessus de la cage du gardien camerounais, alors que l'on approche d'une facile victoire de l'équipe d'Afrique du Sud, les Bafana-Bafana (les garçons). Tandis que les supporters agitent des tambourins de peau et entament les danses de victoire de guerriers zoulous, la longue clameur continue à ébranler le béton du stade: «Fiiisch!» «Pas un petit poisson, hurle un spectateur, un gros requin, une baleine, le plus gros poisson du marché!», et la foule de répondre: «Oui, un gros poisson, un requin!» Au coup de sifflet final de ce match d'ouverture de la Coupe d'Afrique des nations, que le pays hôte gagne 3- 0, la folie s'empare du stade, un moment de grande magie, comme si les esprits réunis des sorciers africains soufflaient dans les gradins: le foot sud-africain vient de faire sa grande rentrée sur la scène internationale, après trente ans d'exclusion due à l'apartheid.

Vendredi après-midi, veille du match. Une pluie grasse déverse des torrents de boue qui arrachent les plaques de tôle rouillées, murs d'enceinte du Beechnut Royal Stadium. Une grille entrouverte, des rouleaux de barbelés, des gradins brinquebalants sans projecteurs et des tribunes surmontées de plaques mét