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Libération
Enquête

Graulhet-Albi, mariage de raison en Ovalie. Le professionnalisme pousse à la fusion des expériences, des publics et des moyens.

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publié le 11 mars 1996 à 2h56

Grauhlet, de notre envoyé spécial

Dans les bureaux de Bernard Peyrusse, il y a une affiche de cinéma au mur: des barbus en shorts, jeunes, solides, un ballon de rugby, un titre, le Ballon dans la peau, et un sous-titre, «à Graulhet on fait dans le cuir, pas dans la dentelle». On comprend que ce serait un essai d'ethnologie racontant la ville à travers le style de son rugby. On comprend aussi qu'il y a là, dans le bureau du président du club, couvert de photos d'équipes, une immense nostalgie, car tout menace d'être raconté au passé. Le «rugby des mégissiers» se meurt, car la mégisserie ne va plus très fort.

Tout est né du Dadou, un affluent du Tarn, et s'il y eut une belle équipe de rugby à Graulhet, c'est que le Dadou n'est pas calcaire. Il se prête donc au travail des fines peaux de moutons. Rude métier, rugby rude et longtemps bien portant, car il y eut un temps où la mégisserie était florissante. Le faste fut discret, à tel point qu'à l'écart des grandes routes qui descendent du Massif central vers Toulouse, Graulhet est une ville industrielle sans gare. Seul signe extérieur de richesse: cette équipe de rugby qui ne fut jamais une académie, mais était capable de faire chuter les plus grandes dans les phases finales. Jusque dans les années 80, les plus huppées n'allaient pas à Graulhet comme on va en promenade.

C'est fini. Depuis une quinzaine d'années, les peaux de mouton vont volontiers se faire mégir à moindre coût en Inde, au Pakistan ou en Turquie, et malgré les qualité