Bègles, envoyé spécial
Dans la bouche d'un demi de mêlée, le mot «gros» est toujours au pluriel. Il ne qualifie jamais un joueur particulier. «Les gros», c'est l'entité physique, et certainement morale, constituée par les huit avants sans lesquels un demi de mêlée ne serait réellement rien. Guy Accocéberry, qui occupe ce poste à Bègles et en équipe de France, raconte ce que signifie «jouer derrière les gros».
Au commencement. «J'ai toujours joué demi de mêlée. Pourtant quand j'ai commencé je voulais être demi d'ouverture. A huit ans, c'était ce qui me paraissait le mieux. Mais comme j'étais le plus petit, l'entraîneur m'a mis derrière la mêlée. J'ai tout de suite compris que le demi de mêlée, c'était celui qui jouait derrière les gros. A quinze ans, j'ai rattrapé la différence de taille, j'ai pensé à changer de poste. J'y ai renoncé car je commençais à avoir une bonne passe, des réflexes et j'avais pris conscience de l'importance du poste.» Stratégie et psychologie. «Par sa position derrière les avants, le demi de mêlée est celui des quinze qui touche le plus de ballons. En ce sens d'abord c'est un poste stratégique. C'est aussi un poste psychologique, car les gros te confient le produit de leurs efforts. Si tu le gaspilles, ils comprennent qu'ils se démènent pour rien et se découragent. Devant, un ballon gagné, un ballon perdu, à technique égale, ça tient à peu de choses, un certain degré de volonté. Si tu les fais avancer, les gros vont y aller le coeur joyeux et à chaque