Dimanche matin ensoleillé au Trocadéro. Les cars déversent déjà
leurs flots de touristes, les marchands à la sauvette font voler leurs pigeons mécaniques. La tour Eiffel vacille dans la brume de chaleur. Sur le parvis, passé l'effet de surprise, les badauds s'arrêtent un instant devant un bateau démâté qui semble s'être échoué sur cette plage de marbre gris. Sur les flancs blancs du grand cétacé, trois mots: «Pour Amnesty international». «Une voile contre l'oubli sur le parvis des droits de l'homme»: Thierry Dubois, jeune skipper (29 ans) du bateau, peut être fier de son coup. Pendant trois jours, des milliers de personnes ont défilé devant le monocoque de 60 pieds qui sera au départ du prochain Vendée Globe, le tour du monde en solitaire sans escales, le 3 novembre prochain.
9h30, hier matin. Thierry Dubois grimpe à bord, yeux cernés et sourire: «J'ai fait le quart de quatre heures ce matin. Ça ne fait pas beaucoup de sommeil, mais quelle expérience. Cette nuit, on a discuté avec des jeunes des banlieues qui zonaient dans le coin. Certains n'ont jamais vu la mer, mais ils se sont intéressés à ce bateau, aux winches à plusieurs vitesses, comme nos mobs ajoutaient-ils. Et puis, à un moment, la discussion est inévitablement venue sur Amnesty et les droits de l'homme. Ça avait quelque chose de surréaliste, en pleine nuit, de voir ces jeunes beurs assis à bord du bateau en train de discuter du rôle que joue Amnesty au Maroc ou en Algérie. Des trucs du genre: c'est grâce au roi s'