Menu
Libération
Portrait

Witschge, enfant gâté et gâché de la balleLe Néerlandais trouve à Bordeaux un standing qu'il avait cru atteindre trop tôt.

Article réservé aux abonnés
publié le 2 avril 1996 à 4h45

Bordeaux, envoyé spécial

Witschge. Son nom fuse comme la balle qu'il vient de frapper sans élan. Elle part dans le ciel bleu pour décrire un arc de cercle parfait et passe sous la barre des buts pour mourir dans un frisson au fond des filet. L'entraînement des Girondins de Bordeaux est terminé, ses coéquipiers regagnent les vestiaires, lui il lambine, prend un second ballon. Il s'imagine un parcours du terrain aux douches en un minimum de touches. Richard Witschge est joueur et s'invente des obstacles. Le Slavia de Prague en est un qu'il affrontera ce soir en demi-finale aller de la Coupe de l'UEFA, mais là, tout de suite, il y a cet arbre qui a poussé en V au milieu de l'allée. Il se dit que ce serait pas mal de mettre un peu d'effet, de faire passer la balle entre ces branches tordues. Quelques badauds et Laurent Croci s'attardent pour voir s'il y parvient. La sphère contourne l'arbre. Elle finira dans une haie, à quelques centimètres des escaliers qui descendent vers les salles d'eau.

«Richard, difficile à vivre?, s'étonne Gernot Rohr. Il n'y a pas plus disponible, jamais les mains dans les poches.» Plus que nul autre, le football amuse cet indolent Néerlandais de 26 ans. Une seule chose pourrait le fâcher, le priver de ballon. Pour le reste, Witschge n'a besoin de rien. Et même quand il déploie son art tel qu'on lui a vu faire contre le Milan AC, c'est un geste presque gratuit.

Fils à papa, marié à une fille de milliardaire d'Amsterdam propriétaire d'une chaîne de débits d