Ils ont tous les deux les cheveux frisés et un sourire en guise de
passeport sur les pontons. «Mich Dej», Michel Desjoyeaux, a 30 ans et a remporté la transat AG2R (Lorient-Saint Barthélémy) sur Sill-Plein-Fruit-France en 1992. «Bilou», Roland Jourdain, a 32 ans et s'est imposé dans cette même transat deux ans plus tard à la barre de son monocoque, lui aussi sponsorisé par Sill-Plein-Fruit-France, l'entreprise de Giles Falc'hun, un industriel dingue de voile. En 1992, Michel Desjoyeaux, associé à Jacques Caraës, l'avait emportée avec un peu plus de trente et une minutes d'avance. En 1994, Roland Jourdain et Jean Le Cam n'avaient dû leur victoire qu'à soixante-trois petites secondes d'avance sur Bertrand De Broc et Marc Guillemot.
La famille Desjoyeaux habite Kerleven, les Jourdain à quelques kimomètres de là, à Cap-Coz, dans la lande finistérienne. Adolescents, ils font leurs premières fêtes ensemble. Les entraînements d'hiver se font à Concarneau. Michel Desjoyeaux se rappelle: «C'est au bar de la Société nautique de Concarneau qu'on s'est connu. Bilou était dans son projet de mini-transat, mais, moi, j'étais trop jeune pour espérer y aller. Je lui ai dit que j'étais prêt à lui donner un coup de main.» C'était il y a treize ans. Bilou met son bateau à l'abri dans le chantier des parents Desjoyeaux. Le fiston va le bichonner quitte à sécher l'école.
Histoire d'amis. Naissance d'une histoire qui ne va plus jamais se démentir. Roland Jourdain part sur sa mini-transat, mais doit v