Auxerre, envoyé spécial
En 1965, Guy Roux a la jaunisse. Fiévreux, l'homme au yeux de fouine s'est emparé d'un crayon et des plans du cadastre de la ville pour tromper la maladie. Le club dont il vient de prendre la destinée doit se doter d'un parc autour du stade de l'Abbé-Deschamps. Un centre en harmonie avec ce que sous-tend l'intitulé du club, l'Association de la jeunesse auxerroise, qui fleure bon le siècle naissant pour pérenniser une certaine idée du sport, rural, moral. «C'était un champ de blé, souvent inondé, une ferme et des vaches qui allaient s'abreuver dans l'Yonne», se souvient Guy Roux.
Appâter des ados. Ce qui était à l’origine l’apanage d’un grand club régional s’est progressivement transformé en base arrière professionnelle, indispensable outil de travail du club champêtre qui, en 1980, accédait à la première division. La création du centre de formation lors de cette année charnière correspond à l’idée qu’il faudrait bien, pour se maintenir dans l’élite, recruter au-delà des terres bourguignonnes, pour se dispenser d’engager des joueurs professionnels dont les contrats se négocient au-delà des moyens d’une ville de 39.000 habitants. Appâter de jeunes ados qui constitueraient en l’espace de quatre à cinq ans la relève de l’équipe première, voire un capital à négocier une fois le joueur arrivé «à maturation». L’école de foot du club amateur ne fut pas sacrifiée pour autant. Complément nécessaire au centre qui ne regroupe en réalité que la fine fleur des