«Il paraît que j'ai un petit accent français maintenant quand je
parle allemand», s'était amusé à souligner Gernot Rohr en apprenant que Bordeaux, pour sa première finale européenne, en Coupe de l'UEFA, rencontrerait le Bayern de Munich. De même qu'il se plaisait à ajouter qu'il ne maniait plus sa langue maternelle avec l'aisance de ses 20 ans, l'entraîneur des Girondins savourait son propre succès et la perspective de se trouver dans son pays à la tête d'une équipe française sous-coté qui déjoue avec bonheur tous les pronostics. A tout dire, son flegme naturel apparaît tellement aux antipodes de la roideur affichée d'un Franz Beckenbauer, drapé dans ses costumes impeccables, qu'on avait oublié que Gernot est un prénom allemand. L'entraîneur bordelais a pourtant hérité en football de quelques préceptes très germaniques que le «Kaiser»-président-entraîneur Beckenbauer ne renierait pas: l'agressivité et la discipline de jeu sont les clés indispensables à la réussite d'une équipe qui n'a pas tous les atouts en main pour vaincre. Ce qui est incontestablement le cas de la sienne à la veille de la première manche de cette finale de Coupe de l'UEFA au Stade olympique de Munich. Gernot Rohr, sans doute l'un des seuls Bordelais à avoir souhaité se frotter au sommet à un tel adversaire, tandis que la Gironde mettait déjà la sangria au frais à l'idée de rencontrer Barcelone, réalise combien la rigueur s'imposera d'elle-même, en lieu et place de ce qu'on espérait être une feria place de