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Libération
Portrait

Pour Lucas, la coupe est déjà pleine. Il quitte Bordeaux après la finale de ce soir. Sans y avoir jamais trouvé sa place.

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publié le 15 mai 1996 à 5h37

Bordeaux,envoyé spécial

Dans la salle de restaurant du Haillan, il parle à voix basse, comme s'il ne voulait pas que ses propos, portés par une petite brise venue de l'estuaire de la Gironde, arrivent par bribes aux autres tables. Ici, on a tellement l'habitude de déformer la réalité qu'il se méfie. A une autre table, Gaetan Huard déjeune en famille, à une autre encore Dugarry et Zidane rient aux éclats. Philippe Lucas, lui, n'a pas le coeur à rire. En fait, il ne l'a plus depuis longtemps. Depuis qu'à la fin de la saison dernière les dirigeants lui avaient dit sans détour mais avec honnêteté: «On a va recruter un grand n$6. Si tu as des contacts, n'hésite pas à partir.» Philippe Lucas, 32 ans, avait encore un an de contrat mais décide de rester: «J'ai ma famille, mes enfants, ma maison et puis surtout ce genou qui me fait souffrir sans arrêt. Je n'ai pas eu le courage de déplacer ces problèmes ailleurs.»

Blessures. Le diagnostic est implacable: Philippe Lucas souffre d'arthrose dans un genou, un mal qui ne le quitte pas et ne peut qu'empirer: «J'ai de l'arthrose couplée d'une sciatique. Je suis à 70% de mes moyens. On peut juste faire en sorte que ça ne s'aggrave pas, mais on ne peut plus faire reculer le mal. Je me suis gavé d'anti-inflammatoires toute la saison. J'évite d'en prendre toute la semaine pour ne pas trop me détraquer, j'attends deux jours avant le match. Ce qui fait qu'en début de semaine, à l'entraînement, j'ai mal. Quelquefois, quand je prends un appui, je n'a