Bordeaux, envoyé spécial
Ces deux-là s'aiment et s'aimantent. Ils donnent du «nous» dans les interviews parce que leur inséparabilité va de soi et se tutoient avec les pieds sur les terrains de football. Zinedine Zidane, le Marseillais des cités, Christophe Dugarry, le Bordelais des lotissements, ont croisé leurs crampons très tôt dans l'équipe de France cadets et se sont retrouvés en 1992, comme de vieux frères, aux Girondins de Bordeaux, jusqu'à cette finale de la Coupe de l'UEFA.
Tout les oppose, tout les rapproche. Longues frappes franches pour Dugarry, passes courtes chevillées pour Zidane, ils ont poussé leur siamoiserie jusqu'à purger un match de suspension ensemble, lors du match aller à Munich. Il reviennent donc ensemble, pour ce qui est vraisemblablement leur dernier match côte à côte, non sans avoir marqué à eux deux onze buts européens jusqu'à cette apothéose. «Qui n'aimerait pas jouer avec Zidane? Au-delà de l'aspect sportif, c'est vraiment un ami. Je n'ai pas le souvenir de m'être engueulé avec lui. Lui comme moi, on a envie de jouer ensemble», a parlé pour deux Dugarry. Le marché du football fait-il encore cas de ce genre de projet? Alors, comme une ultime conjuration avant de plonger tête baissée dans la loterie, ils ont acheté un bar, comme on se paie une tournée en gage d'affection. Restait à laisser aux clients les images à accrocher aux murs. Beckenbauer avait mollement suggéré qu'il ne se souciait guère de ce tandem. «Ce sont deux grands joueurs, mais nou