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Libération
Reportage

L'Atletico Madrid, mal-aimé bien titré. Le frère ennemi des nantis du Real devient champion d'Espagne de foot.

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publié le 27 mai 1996 à 5h06

Madrid, de notre correspondant

Barri, de son nom de guerre, exhibe sur son biceps gauche un tatouage presque grandeur nature de l'écusson rouge et blanc, de l'Atletico de Madrid. «J'ai déjà prévenu chez moi: le soir de la victoire je disparaîtrai, pendant au moins une semaine, sans dessoûler... La souffrance, c'est fini.» Ça y est, la fête peut commencer pour Barri et les supporters de l'Atletico. Depuis samedi, le club madrilène est champion d'Espagne après sa victoire 2 à 0 face à Albecete. Dix-neuf ans ­l'âge de Barri­ après son dernier titre.

Paranoïa. Le club et ses aficionados revendiquent cette souffrance de dix-neuf ans. Ils aiment s'afficher persécutés, martyrs, oubliés, dans l'ombre du voisin et ennemi juré, le Real Madrid, au palmarès dix fois plus imposant. Sous un crâne rasé, Barri fait briller ses incisives quand il dégaine sa carte de membre du Frente Atletico, le club des supporters radicaux du virage sud du stade Vicente Calderon. Il promet de «lutter contre cette peste nommée Real Madrid». C'est la raison d'être de «l'Atleti»: haïr le Real. «Je préférerais que le Real descende en deuxième division plutôt que de voir les nôtres remporter la Liga (championnat d'Espagne).» Un soir de juin 1992, le Real joue la place de champion, à Tenerife, lors de la toute dernière journée. A la même heure, sur les gradins du Vicente Calderon, les spectateurs ont l'oreille collée aux transistors et se désintéressent de leur match. Ils explosent de joie en apprenant la défaite