Samedi, Michael Johnson a souri une première fois en franchissant la
ligne du 200 m des demi-finales des sélections américaines. Le chrono indiquait 1970, le vieux record de Pietro Mennea, 1972 établi en 1979, le plus résistant de l'athlétisme, venait d'être battu. Ce fut un sourire de quelques secondes que l'anémomètre effaça en dénonçant un vent trop favorable de 2,70 m à la seconde. Plus de sourire sur son visage, mais son corps, à l'évidence, jubilait. Le record s'y était inscrit depuis les séries quand il déboulait avec une telle aisance du virage, loin devant les autres, puis ralentissant bien avant la ligne.
Dimanche à Atlanta, il n'y avait plus qu'une seule attente: le vent. Toute la journée, il a flirté avec le rien, voir le pas grand-chose quand Michael Johnson s'est installé dans les starting-blocks en fin d'après midi. Pas de faux départ. A la première foulée, Michael Johnson appuie à fond et ne s'arrête plus. On analysera ensuite un virage parfait. Sur l'instant, on ne voit qu'un corps qui exulte, deux pieds qui battent le sol, deux jambes comme une mécanique en surrégime. Le champion du monde est au couloir 5; au couloir 4 court le champion olympique en titre, Mike Marsh; au couloir 6, Jeff Williams, médaille de bronze aux championnats du monde de Göteborg. Il y a aussi, au couloir numéro 1, un gars que l'on appelait le roi à une autre époque, Carl Lewis. De ceux-là, on ne voit rien, sinon des ombres dépassées, parce qu'il n'y a rien à voir, ni lutte, ni tentati