's Hertogenbosch,
envoyé spécial Trois hommes autour d'une table dans une campagne française à la morte saison. Trois amateurs de vélo. Thierry Marie, enfant chéri des routes de juillet, qui, comme Miguel Indurain, prend ce samedi le départ du Tour pour la douzième fois, et deux compagnons de veillée. Sur la toile cirée, pour tuer le temps, ils ont ouvert un magazine où l'on détaille, en chiffres et croquis, les qualités athlétiques du champion de Navarre. «28 pulsations au repos!» commente l'un d'eux, incrédule. «Oh, là, arrêtez ça, coupe Marie, 28 pulsations, il est tout prêt de mourir, lui!» «Il passe de 28 à 195 pulsations», renchérit l'autre. Et Thierry Marie: «Tout de suite, il a pas tout ça. C'est que dans le Tour de France, les gars, faut pas exagérer.» Cette conversation ordinaire, un documentariste l'avait saisie au vol, en 1993, pour une série TV. Miguel Indurain n'avait encore gagné que deux Tours de France.
Qu'est-ce qui a changé aujourd'hui? Pas grand-chose. La force d'Indurain et ses limites restent un mystère pour ses concurrents et pour les suiveurs, qui entament ce samedi après-midi un périple de 3.900 kilomètres. Il y a fort à parier que ces derniers soirs à Oisterwijk ou à Vlijmen, à Rosmalen ou à 's Hertogenbosch, quand les équipiers se sont retrouvés autour de la table du dîner, les discussions ont pris le même tour. Mêmes questions, même absence de réponse.
Avant les premiers tours de roue, ça n'est pas Miguel «le Tranquilo» qui va nous éclairer. Dans la