's Hertogenbosch
envoyé spécial D'un clocher à l'autre, de la cymbale au piston, Alex Zülle démarre en fanfare. Sur les routes étroites du Brabant, il traverse en maître les village où les orchestres endimanchés jouent un air tout bête que le vent et la clameur emportent. Ces mélodies, le Suisse les oubliera sans doute. Il retiendra peut-être cet air là: samedi soir, il fait sombre et froid. Il remonte à pied l'avenue d'arrivée vers la grande halle. Les autres favoris ont rejoint leurs chambres comme des voleurs. Il est presque seul dans un décor de foire. Il porte le maillot jaune et cherche des vêtements chauds. ll marche droit. Il veut paraître ferme et sûr de lui pour les derniers spectateurs mais il est innocent comme l'enfant qui vient de naître et on l'a vu quelques secondes plus tôt se cacher derrière une porte du podium pour évacuer toute son angoisse d'un souffle brusque. A vrai dire, c'est une drôle de victoire, une drôle de soirée et le maillot jaune ne sait pas s'il faut en rire ou en pleurer. Pendant qu'il avance, une fanfare joue lentement une complainte de Piaf.
Aux côtés de son champion, Manolo Saiz, le directeur sportif de la Once, ne dit pas grand chose. Pas de triomphalisme et pas de joie. Depuis l'heure de l'arrivée où il a retenu son souffle comme tout le monde, le stratège de la Once a le coeur au bord des lèvres. Il traîne comme une âme en peine du côté de la ligne. La tension d'une folle semaine lui pèse tant que ça lâche par instants. Devant l'excit