Nogent-sur-Oise
envoyé spécial Silence radio. Le peloton a mis les pouces à la ceinture. Sous un ciel charbonneux, l'après-midi s'étire sans un bruit. Le speaker qui tient les suiveurs informés des mouvements de la course reste muet. Jusqu'à la traversée de Folies, pas l'ombre d'un crépitement sur la fréquence de Radio Tour. Au saut des rivières qui mouillent la Somme, les coureurs musardent et pointent avec plus d'une heure de retard sur l'horaire. Les spectateurs se croisent les bras à la lisière des champs. Pliés en deux par les averses, ils pensent sans doute qu'ils auraient mieux fait d'aller pêcher l'anguille «à la pelote», la tanche «au blé de ver», le brochet «au moulinet», ce qu'on fait par ici quand on a un après-midi à tuer. Au soir du prologue, Manolo Saiz, le mentor de Zülle et Jalabert, nous donnait rendez-vous en fin de semaine à Arc-et-Senans. «Jusque-là, il n'y aura pas de course!», affirmait-il. On peut difficilement lui donner tort. Jusqu'à l'emballage final et au récital attendu des sprinters emmenés par l'Allemand Zabel sur les avenues de Nogent-sur-Oise, le Tour s'ennuie.
Heureusement que Frédéric Moncassin a un petit vélo dans la tête. Sa course enragée au maillot jaune, qui l'avait laissé fourbu lundi, a pris tous les tours au cours de cette morne journée. Pour lui, c'est une étape agitée. Elle se termine au mieux. Dans le Sud-Ouest, son père, sprinter de vocation, est aux anges. Il va inviter tous ses amis à rouler sous la table. «Dans la famille, on e