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Libération

Elle court et gagne la banlieue.Saugrain, d'Aubervilliers-93, a piégé ses compagnons d'échappée.

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publié le 4 juillet 1996 à 8h42

Lac de Madine

envoyé spécial «Une petite coupe les gars, profitez-en. Après c'est la plaine, y aura plus que de l'alcool de blé.» A l'heure du pousse-café, Cyril Saugrain passe un peu vite à Vernezay pour prêter attention aux vignerons qui paient leur tournée aux portes des caves de Champagne. Bien sûr, tout pétille chez ce jeune type de banlieue. Tous les matins, il prend la clé des champs. Au nord, à l'est. Qu'il pleuve ou qu'il vente. Il se range du coté des vivants dans un Tour moribond et l'Equipe au matin nous présentait sa tronche joviale en titrant: «Comment? Vous ne connaissez pas encore Cyril?» Sur les routes qui griffent le dos rond des monts de Champagne, le gars d'Aubervilliers est pourtant loin de se croire dans les vignes du seigneur. L'ivresse viendra plus tard. En contrebas, par-dessus l'épaule de ses quatre compagnons d'échappée, il aperçoit la plaine immense.Il va bouffer du vent, il le sait. Stéphane Heulot, Rolf Jaermann, Danny Nelissen, Mariano Piccoli, les premiers grands aventuriers de ce Tour, ne seront pas de trop pour filer à ses côtés. Au pied de la montagne de Reims, il reste 150 kilomètres jusqu'au lac de Madine. «Même quand on avait quinze minutes d'avance, j'y croyais pas, dit Saugrain, on a eu le vent dans la gueule toute la journée.» On le retrouve quand même un peu gris sur la ligne d'arrivée. Dans l'asphyxie de l'effort, l'euphorie de la victoire, il avance de travers, la tête et la casquette à l'envers, les yeux rouges, écarquillés. Il ou