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Libération

Sprinte toujours, tu m'intéresses.Le Néerlandais Blijlevens l'emporte à Besançon au terme d'une morne étape.

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publié le 5 juillet 1996 à 8h38

Besançon envoyé spécial

Cette étape n'inspire personne. Surtout pas le beau Mario. Au réveil, place Saint-Thiebault, près de la gare de Metz, la pluie et le vent s'annoncent aux carreaux. Cipollini s'est couché fiévreux, il a mal dormi, il se lève gracieux comme un bouquet d'épines. La course repartira sans lui. «S'il avait fait beau, il serait au départ», sourit l'élégant Eros Poli, équipier et ami. Après une semaine à tournicoter entre les averses, le sprinter toscan, acrobate des routes du Sud, n'a plus le coeur ni l'estomac pour ce Tour-là. Il ne se sent pas de voyager sous un ciel de novembre. Il ne verra pas les cirés, les capuches, les parapluies, les spectateurs droits sous l'averse, adossés aux talus, massés sous les auvents, tapis aux portes des granges, à l'entrée des bois. Il ne les regrettera pas. Ils sont peu nombreux, leur voix ne porte pas. A l'heure où ses équipiers arrivent dans la bruine au lac de Madine, Cipollini a la tête en Italie.

Les hommes de la Saeco ne sont pas les seuls à avoir le moral en berne. Les coureurs débarquent tard sur le site du départ. Le vent qui monte du lac ne les pousse pas à s'aventurer hors des voitures. Sur le siège avant d'une camionnette, près d'un bosquet, on remarque ainsi la mine fermée du Tchèque Svorada. Derrière la vitre humide, on guette un signe: il baisse la tête, fixe ses jambes brunes, qu'il caresse du revers de la main. Il ne desserre pas les dents, ça n'a rien d'une surprise: la guigne et la colère l'accompagnent