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Libération

Sella jubile pour ses adieux à la France. Dernier show samedi pour l'ex-trois- quart centre international avant l'exil anglais.

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publié le 8 juillet 1996 à 8h32

Agen envoyé spécial

La veille au soir, l'équipe du monde, une vingtaine de gars fortement charpentés, avait tenté d'épuiser les réserves de bière de la ville en écoutant chanter Francis Cabrel, enfant du pays de retour d'Argentine. Jeremy Guscott, trois-quarts centre de l'équipe d'Angleterre et amateur d'opéra, faisait le service. Il y avait Dean Richards, l'Anglais dont on ne sait pas s'il est le boeuf, la charrue ou le laboureur, l'Ecossais Hasting, retraité aux jambes ardentes, Benazzi, un visage d'enfant sur un corps dévastateur, Carling, confident des princes, Ben Clarke, un Anglais encore, belles épaules, belle gueule, une paire d'Italiens à la hauteur, Arancio et Cuttita, un Gallois géant dont l'appétit épate, Jones, et deux Australiens connus.

Le samedi matin, Philippe Sella, autre enfant du pays, descendait l'artère principale d'Agen dans une Cadillac bleue décapotée. Le meilleur trois-quarts centre que la France, et même le rugby peut-être, ait connu, faisait ses adieux au rugby français avant d'aller chercher fortune en Angleterre. Tout cela était étrange et familier, tellement désuet et terriblement professionnel.

12.000 spectateurs. La pièce était intitulée Show 111, comme le nombre de sélections de Sella, record du monde. L'unité de lieu, c'était le stade; l'unité de temps, le rugby. Un après-midi entier, samedi, en compagnie du gotha des années 80 à nos jours, à circuler au bord de la pelouse un verre à la main, à se promener dans une partie de campagne pour 12.