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Libération

Gonzalez gagne à être inconnu.Dans l'échappée, personne ne se méfiait du petit Colombien. Il en a profité.

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publié le 12 juillet 1996 à 8h17

Valence envoyé spécial

Dans la montagne, on n'entendait qu'eux. Ils entraient en coup de vent dans un café isolé en bord de route, s'installaient en rond autour d'une table et se passaient le micro pour raconter la course à tue-tête. Quand le premier perdait son souffle, le deuxième embrayait, puis le troisième, et ainsi de suite... Les montagnards au comptoir avaient à peine repris leurs esprits qu'ils étaient déjà repartis. Dans la voiture de la radio nationale colombienne, ils continuaient à s'époumoner toutes vitres baissées. On les croisait parfois en rade au détour d'un virage. Leur voiture fumait et menaçait de rendre l'âme: ils baratinaient toujours, rigolards, exaltés, adossés au rocher, faisant rouler les noms qui tenaient Bogota éveillé jusqu'à pas d'heure. C'était le milieu des années 80, les grimpeurs rois s'appelaient Lucho Herrera, Fabio Parra, et les envoyés spéciaux de la RCN tenaient l'antenne cinq heures de rang. La fièvre est retombée. La semaine dernière, les responsables d'antenne colombiens laissaient entendre qu'après quatorze ans de présence, ils pourraient renoncer à venir sur le Tour. Personne ne veut y croire. C'est sans doute pour ça qu'hier, à l'heure où l'on aligne les bouteilles dans les bars de Bogota, l'ambiance est à la fête sous le soleil de Valence. Les suiveurs de tous pays jubilent et se claquent les paumes quand le petit Chepe Gonzalez de Sogamoso remonte seul, triomphant, l'avenue Félix-Faure.

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