Le-Puy-en-Velay
envoyé spécial Il évoque par instant le timide qui bafouillait pour un rien à l'époque de ses premières victoires. Le matin, en particulier. Il arrive au départ parmi les derniers et n'entend qu'un léger frémissement sur les boulevards quand il slalome avec précaution entre les voitures. Dans son dos, une folle clameur accueille Miguel Indurain. A cette heure de la journée, malgré l'allure et la parure, Bjarne Riis ne s'est pas encore glissé dans la peau du maillot Jaune. Depuis que le Tour est reparti de Gap, Miguelon vient comme par plaisir signer la feuille de départ en même temps que lui. Les deux hommes se croisent et c'est le Danois qui fait l'humble et se tient en retrait. Lui encore qui s'approche un peu gauche du cercle des curieux, joue des coudes pour aller saluer le champion espagnol et lui murmurer quelques mots en rougissant. Que se passe-t-il alors pendant la journée? Pourquoi a-t-il retrouvé, dans la soirée, le sourire du môme carnassier qui, à dix ans, gagnait trente courses par an? Pourquoi en revenant des cols du Vercors et de la montagne d'Ardèche semble-t-il si détendu et sûr de lui? «Le parcours n'est peut-être pas assez dur pour que je sois vraiment en danger, avance Riis, ou alors c'est qu'ils ne sont pas assez costauds!» Dans la journée, il garde toujours un oeil sur Indurain, et roule en maître, bien calé dans le sillage de ses hommes, sur la droite de la route comme il se doit. Peu à peu, le Danois prend ses aises. La grande foule