Menu
Libération

Les espoirs soldés de Lemarchand. L'équipier modèle a cru son jour arrivé. La poisse l'a rattrapé peu avant la ligne.

Article réservé aux abonnés
publié le 16 juillet 1996 à 8h10

Villeneuve-sur-Lot

envoyé spécial Une journée à mettre au clou. 170 kilomètres tête baissée dans la fournaise et la guigne en guise de bouquet. En une fraction de secondes, au détour d'un rond-point planté dans les faubourgs, François Lemarchand comprend qu'il ne connaîtra pas la gloire après douze ans de bons et loyaux services dans le peloton. Il a choisi la mauvaise roue, celle d'un autre équipier, Neil Stephens. L'Australien a quitté sa trajectoire à la sortie du virage et mordu la poussière d'une zone écrasée de chaleur. Les rares spectateurs restent sans voix. «Ça tient à peu de choses, dit l'ancien lieutenant de Greg LeMond. Je ne suis pas tombé, mais je n'ai pas pu relancer, je suis resté planté.» Sur la départementale, il regarde filer les quatre hommes avec qui il roulait depuis cinq heures. Il restait cinq kilomètres jusqu'à l'avenue de Fumel.

Il s'assied donc à même le sol brûlant après l'arrivée, au pied d'un grillage qui, comme on le sait, ne donne pas d'ombre. Il laisse trembler un moment sa longue carcasse déssechée et se cache la tête entre les mains. Pour reprendre haleine, pas pour pleurer. Pas un geste de dépit, pas un mot pour exprimer sa rancune. C'est dur à croire, mais François Lemarchand est plutôt content. C'est du travail bien fait, une place d'honneur: «Un des plus beaux jours de ma vie.» Ses proches viennent le chercher et lui conseillent de reprendre le chemin de l'hôtel: «Tu as quand même bien transpiré!» Ils ont la mine chagrine. Il se relève to