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Libération

Le numéro de Riis sonne IndurainSur les pentes d'Hautacam, le Danois a privé l'Espagnol d'un sixième Tour.

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publié le 17 juillet 1996 à 8h09

Hautacam envoyé spécial

A la sortie d'Artalens, la pente est dure. On leur promet bien du plaisir. Le drapeau au creux de l'épaule, ils remontent à pied sous les huées. Les Danois, peints de rouge et de blanc, font de maigres cortèges au-dessus de Lourdes, où les foules d'Espagne attendent fébrilement le réveil de Miguel Indurain. La chaleur est étouffante, un vent léger se lève vers les sommets. Dans les virages les fanions de Salamanque et de Cadix, de Castille et de Navarre passent de l'ombre au soleil. L'attente est longue. De la vallée, les nouvelles arrivent en désordre. Devant les tentes couvertes du drapeau basque, la radio annonce qu'Indurain imprime un rythme de fer au pied de la côte. La tension monte. Vers Hautacam flotte une étoffe blanche: «Miguel, seul le ciel est plus grand que toi.»

L'après-midi s'achève brutalement. Vers 16 heures, la nouvelle du démarrage de Bjarne Riis au-dessus d'Artalens claque comme un coup de feu et laisse pétrifiés les supporters du champion espagnol. Ils rangent les banderoles «Miguel pour toujours» et le regardent monter à la traîne le jour de ses 32 ans. Au sommet, les plus courageux se sont assis sur un talus d'herbe face au podium qui surplombe la vallée du Neez. Ils l'attendent là, à côté de quelques Danois qui chantent à tue-tête. La défaite est cruelle: quand l'ancien maître du Tour de France passe la ligne, Bjarne Riis est déjà prêt à recevoir le bouquet. Le protocole est vite expédié. Indurain fait demi-tour et disparaît (lir