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Libération

Indurain déchu, Riis grand seigneurHier, le Navarrais est monté sur le podium"" à l'invitation du maillot jaune.

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publié le 18 juillet 1996 à 8h05

Pampelune envoyé spécial

Et maintenant Laurent Dufaux a le tournis. «Fabuloso!» crie-t-il comme un soiffard quand il décélère enfin pour stopper net face aux barrières qui barrent l'avenue Pio-XII. Le reste de son discours improvisé à même le vélo se perd dans le tumulte. Les Navarrais chantent à gorge déployée les louanges de Miguel Indurain et remarquent à peine le joli garçon qui s'en va chercher le bouquet. Une fanfare les accompagne pied au plancher et chauffe dur dans la fournaise. Comme s'il ne voulait pas louper une miette de cette fête immense, le petit attaquant suisse repart au sprint vers la ligne d'arrivée. Il descend de son vélo, le pousse en zigzaguant et continue de parler comme une pie sans remarquer qu'il change d'interlocuteur tous les deux mètres. «Merveilleux, on a couru comme des guerriers et j'ai gagné l'étape reine», lance-t-il. Il s'arrête net au pied de la ligne, coupé dans son élan. La foule enivrée de musique lui tourne le dos. Figée entre rires et larmes, elle chante encore en fixant l'écran lumineux où défilent les minutes que perd son champion chéri.

Laurent Dufaux reviendra plus tard nous raconter sa belle aventure. Pour l'instant, il est spectateur. Miguel Indurain arrive. Il a plus de huit minutes de retard sur Bjarne Riis qui l'a contraint à courir comme un chat maigre jusqu'aux grands boulevards de sa ville de Pampelune. L'affront est terrible. En Navarre, tout est prêt depuis des semaines. Il ne manque pas un bouton. Aux portes de son jard