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Libération

Les Cubains saisissent leur rêve à pleins gants. Sur l'île, la boxe est une tradition et un moyen de s'en sortir. Une grande fierté nationale aussi.

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publié le 27 juillet 1996 à 7h34

BOXE

Samedi et dimanche, deuxièmes tours.

Finales le week-end prochain Un soir de mai dans une rue étroite qui mène au vieux port de La Havane, les badauds sont pris d'une courte frénésie. Devant la porte des belles maisons coloniales devenues taudis, les conversations s'interrompent un instant, des mères de famille poussent la tête aux fenêtres. C'est un soir comme tous les soirs. Vers 5 heures, cinq adolescents, torse nu, minces, baignés de sueur, déboulent en courant puis reprennent souffle, avant d'entamer une série de sprints. Rue noire, badauds noirs, adolescents noirs qui commencent l'entraînement devant leur école de boxe.

Kid Chocolate. Franchi le hall très bas, on débouche sur un espace coincé entre les murs nus des immeubles. Au-dessus du ring désossé, qui ne montre que l'armature et les cordes, un toit crevé, et devant, des gradins en fer dont manquent toutes les planches. On affirme qu'ici s'est entraîné Kid Chocolate, grand champion des années 30; que plus récemment, Felix Savon, médaille d'or des 91 kg à Barcelone, y a débuté avec d'autres gosses du quartier. De la rue à la gloire, de la misère au miracle, la roue de la fortune des pauvres méritants, appliqués ou tout simplement doués; une vieille histoire commencée bien avant la révolution.

L'école est en réfection: c'est-à-dire que d'ici novembre, le responsable des travaux espère mettre la main sur des planches, quelques sacs de ciment et surtout des tôles pour mettre le ring à l'ombre et au sec. En attendant,