«Des syndicats? Ici? Faut-il vraiment leur parler?», s'était
interrogé faussement naïf Billy Payne, l'avocat spécialiste d'immobilier et patron du comité d'organisation des JO d'Atlanta avant que ne commencent les grands chantiers. «Nous ne faisons souvent simplement pas partie du paysage», reconnaît Ron Martin, le directeur régional de la confédération régionale de l'AFL-CIO pour le sud des Etats-Unis: en Georgie les syndicats sont faibles et leurs effectifs clairsemés. Dans les Etats du Sud à la différence des vieux Etats industriels du Midwest, où les travailleurs de l'automobile, par exemple, sont obligatoirement syndiqués le taux de syndicalisation est au plus bas. Et, faute de conventions collectives, entreprises et gouvernements locaux ont les mains libres dans leur politique de salaires, de licenciements et de protection sociale.
Cette flexibilité extrême qui réduit les coûts de main-d'oeuvre est généralement considérée comme l'une des clés du récent boom économique du Sud: un salarié syndiqué perçoit, en moyenne, une rémunération de près de 40% supérieure à un non syndiqué. Et c'est en grande partie pour cette raison que BMW ou Mercedes, après les constructeurs japonais, ont choisi le Sud pour leurs nouvelles usines. Dans une région parmi les plus créatrices d'emplois du pays, les JO auraient pu offrir une caisse de résonance nouvelle à ces arguments. En faisant du chantier des Jeux le centre d'une discrète mais obstinée bataille, l'AFL-CIO est parvenue à