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Libération

Atlanta hors JeuxVilain petit canard

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publié le 2 août 1996 à 10h03

«Quand les Jeux seront clos et que tout le monde sera reparti, ils

réaliseront qu'ils ont fait une bêtise.» Deborah Eason ne décolère pas, puis éclate de rire. C'est jour de bouclage à Creative Loafing, l'impertinent hebdomadaire gratuit d'Atlanta. Elle savoure encore les réactions à son éditorial de la semaine précédente: une lettre ouverte au responsable des accréditations du Comité d'organisation, qui n'a pas voulu autoriser le journal sur les sites olympiques. «Avons-nous été trop critiques?», ironisait-elle.

Il ne s'agit jamais que du dernier épisode d'une guerre quasi permanente entre son équipe et l'establishment local d'Atlanta. Alors que plus de 15 000 journalistes sont accrédités pour suivre les compétitions ­ dont une centaine de reporters de l'Atlanta Constitution, grand quotidien local ­, les quatre demandes des journalistes de Creative Loafing sont restées sans réponses. Situation d'autant plus paradoxale qu'avec ses trois éditions, l'hebdo tire à 185 000 exemplaires: c'est en diffusion le deuxième titre de presse de Géorgie, et le premier gratuit d'Atlanta.

Sorte de parent éloigné du Village Voice de New York, distribué lui aussi gratuitement à Manhattan depuis quelques mois, Creative Loafing est un héritage des années 70. «Nous sommes nés il y a 24 ans sur un campus de l'université, et depuis nous avons joué dans cette ville un rôle que l'Atlanta Constitution avait négligé: traquer les événements culturels émergents, la contre-culture et les manifestations intel