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LUTTE LIBRE. Héros national, il tente à 35 ans le triplé aux JOBruce Baumgartner, shérif de ces dames

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publié le 2 août 1996 à 10h03

Le soir de la cérémonie d'ouverture, c'est lui qui marchait devant.

L'homme tenait la bannière étoilée d'une seule main, bras tendu, dans un effort un peu ridicule qui lui faisait gonfler le cou et crisper la mâchoire. Bruce Baumgartner a tenu bon jusqu'au bout du défilé. La troupe américaine qui le suivait est déjà couverte d'or. C'est maintenant à lui de jouer, à lui de ramener sa part en lutte libre, catégorie des moins de 130 kg.

Bruce Baumgartner est un authentique héros américain. Aujourd'hui, il va probablement gagner sa quatrième médaille olympique, après l'or à Los Angeles et Barcelone, mais l'argent à Séoul. Baumgartner n'est pas un héros universel comme Kareline, le Russe de la lutte gréco-romaine qui n'a jamais été battu en match international. Baumgartner, lui, n'a (seulement) jamais été battu par un Américain depuis quinze ans. C'est un héros domestique dans un des sports les plus populaires aux Etats-Unis.

On chercherait en vain des signes extraordinaires chez cet homme qui ne pèse pas plus de 130 kg, mais guère moins. Le chiffre dit que c'est un balaise, mais il a du ventre. Il y a cent ans, aux premiers Jeux, les dames, qui faisaient semblant de ne connaître des hommes que leur apparence, auraient dit: «C'est un bel homme.» Un moustachu bien tranquille, vu que jamais on ne lui a cherché des crosses. Tout petit déjà, il pesait plus que son âge, et au collège, il n'a jamais pu jouer au football, à cause de la limite de poids imposée en scolaire. Alors il a fait d