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Libération

Atlanta hors JeuxRoman d'espionnage

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publié le 3 août 1996 à 9h59

L'haltérophile irakien Raed Ahmed, qui vient de demander l'asile

politique aux Etats-Unis, commence à bien connaître Atlanta: quand, jeudi après-midi, il arrive sur le parking de CNN, en plein centre- ville, pour rencontrer quelques journalistes, il y a bientôt 36 heures que sa petite équipée tourne dans la capitale de Géorgie, sans jamais ­ sécurité oblige ­ s'arrêter plus de deux heures au même endroit. Depuis que Raed Ahmed, qui portait le drapeau irakien lors de la cérémonie d'ouverture, a fait faux bond, la veille, à la petite délégation irakienne, il n'a pas cessé de bouger. «C'est une forme de tourisme assez inhabituelle. Pour détourner les pistes, nous avons frappé aux portes les plus inattendues. Même la prof de français de mon lycée, Anne-Marie, nous a accueillis chez elle», raconte son chauffeur d'un jour, une enseignante qui lui a prêté sa voiture. «Evidemment, je suis inquiet: il est clair que les autres athlètes aimeraient bien rentrer à Badgad avec moi», reconnaît Ahmed qui, en sortant de la voiture, lance un regard nerveux aux dizaines de milliers de passants.

Il est accompagné par Omar Muhamed, l'homme qui a organisé sa fuite comme dans un roman de John Le Carré. Représentant en Géorgie du Congrès national irakien ­ organisation d'opposition à Saddam Hussein ­ ce spécialiste de l'environnement à la Georgia Tech University était l'homme idéal pour organiser cette fuite: une couverture parfaite et surtout un prétexte rêvé pour accéder aux sites olympiques situé