Le public américain avait à peine commencé à encourager son boxeur,
que le Cubain l'avait déjà envoyé à terre. En demi-finale des 75 kg, jeudi, Rhoshii Wells se frottait à Ariel Hernandez, que l'on qualifie ici de meilleur boxeur amateur du monde. Vainqueur avec 9 points d'avance, le Cubain fut pourtant copieusement hué par le public.
Le scénario qui s'est mis en place dès le début fait du tournoi de boxe un affrontement entre Cuba et les Etats-Unis. Ainsi, mercredi, la presse locale avait exulté quand Floyd Mayweather avait battu Lorenzo Aragon chez les 57 kg. C'était, paraît-il, la première victoire d'un Américain sur un Cubain aux JO depuis 1976. En fait, pour cause de boycott, les deux pays ne s'étaient retrouvés depuis qu'à Barcelone. Ce fut un triomphe cubain, sept titres sur douze.
Si, en cette période de trêve, personne ne fait jamais allusion aux trente-sept ans d'antagonisme politique entre les deux pays, on ne rate pas, de part et d'autre, l'occasion de donner des coups de griffe. Chaque fois que la passion retombe autour du ring, on met en avant le coach des boxeurs américains, Jesse Ravelo, un expatrié cubain, qui a pris la poudre d'escampette en 1967, alors qu'il venait de remporter l'or des poids légers aux Jeux panaméricains de Winnipeg (Canada). Avant d'atterrir dans le coin des boxeurs américains, il est devenu un vétéran du Viet-nam, un citoyen à part entière de la «libre» Amérique. La première semaine, il a hurlé au vol quand ses boxeurs se faisaient décimer