Laslo Bölöni ne desserre pas les mâchoires. «Vous comptez les
ballons, vous ramassez les bouteilles. Eh toi, là! Qu'est-ce que tu m'énerves pas à enlever ton maillot, tu n'es pas encore au vestiaire non?» Il ne lâchera pas la grappe de ses joueurs avant qu'ils n'aient fait le ménage sur la pelouse du parc de La Haye, quartier général de l'AS Nancy-Lorraine. Stagiaires et pros à la même enseigne. L'ex-capitaine d'origine hongroise du Steaua Bucarest génération 86, champion d'Europe, a en horreur les enfantillages de ses footballeurs en fin de séance. Le relâchement n'a pas de place dans son programme. Méfiant mais honnête, une délicatesse de bouvier, une voix de stentor, un regard inquiet, un sourire narquois et des convictions à faire pâlir d'envie Guy Roux, dont il admire l'oeuvre et la méthode: l'homme à qui le président Parentin a confié son équipe a réussi en deux ans à atteindre son Himalaya. «L'approche de la D1 est cruelle. L'effectif change, les adversaires aussi, et la D1 commence deux jours après la montée. Un jour pour faire la fête, un autre pour répondre aux interviews, et dès le troisième jour, les problèmes de la D1 sont posés.»
Pépinière. Le vent fait tituber les bonshommes de plastique, rangés comme des pantins de Babyfoot. Pour s'exercer à tirer ses coups francs, l'artiste apprivoisé au club, un certain Platini, avait inventé ces leurres. Platini dont «le spectre rôde toujours», glisse Paul Fischer, 27 ans, dont douze à faire le yo-yo avec l'équipe au Chard